Il ne peut en rester que quatre !

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Comme vous avez du l’entendre, le lire ou le voir, les participants au programme de colonisation de Mars « Mars one » ne sont plus que 100 sur les 200 000 du départ. Ces 50 hommes et 50 femmes sont donc en lice pour constituer l’équipage de quatre personnes qui partira d’ici 2024 pour la planète rouge.

Pour beaucoup, ce programme ne verra pas le jour, car il condamne les participants à une mort certaine. 

Mais d’un point de vue plus large, cette initiative interroge sur la légitimité et la faisabilité de la colonisation spatiale, comme nous l’évoquions dans la dernière vidéo du Comptoir du Futur.  En ce qui concerne ce projet « Mars One », on peut légitiment s’interroger sur de nombreux points. Je ne m’attarderai pas sur les moyens de financement (crow-funding et partenariats avec une production télévisée) ou sur les lacunes techniques qui pourraient entraîner la mort de l’équipage.

Mais plutôt sur le fait que ce soit une société privée qui soit à l’origine de ce projet. Si l’histoire nous enseigne quelque chose au sujet de l’exploration, c’est que chacune d’entre elles a été financée par des gouvernements, avec des fonds publics. Ce n’est qu’après que des explorateurs aient découvert les lieux, identifié les ressources à exploiter, que les sociétés privées se sont chargées de commercer vers ces nouveaux mondes.

Ce serait bien la première fois que le privé pourrait devancer le public dans un projet à fonds perdus. La vraie question est donc bien de savoir si des actionnaires privés ont le droit de s’approprier des planètes, des astéroïdes ou d’autres corps célestes. 

Pour l’heure, le traité de l’espace, ratifié en 1967, protège l’espace extra-atmosphérique de toute notion de propriété . Mais avec notre faculté parfois douteuse à respecter les lois sur terre, je suis très septique sur le respect des règles édictées par celui-ci.

3 réflexions sur “Il ne peut en rester que quatre !

  1. Vincent

    Salut Emilien,
    je comprends (et partage un peu) tes craintes quant a privatisation de l’exploration spatiale, mais je crois c’est tout a fait utopique de penser que celle-ci restera l’apanage d’une communaute scientifique (occidentale qui plus est). D’ailleurs, ou se situent Laika et Gagarin dans cet ideal de legitimite democratique? Ainsi, l’Inde serait-elle plus legitime que la Chine a explorer l’espace? En realite, on exploite deja sans probleme les orbites geostationnaires et autres pour placer des satellites commerciaux de toutes nationalites, sous l’egide notamment de l’union internationale des télécommunications. Si besoin, la gestion legale de l’espace plus lointain pourrait se faire par le biais d’un forum intergouvernemental sur le modele du Conseil de l’Arctique par exemple. Tout ca me fait penser que l’exploitation commerciale de l’espace et l’exploration scientifique peuvent et vont continuer a co-exister pacifiquement pour un bon bout de temps. Imagine, si les voyages interplanetaires devenaient une realite, et que des station-services a hydrogene devenaient necessaires sur la fameuse ceinture d’asteroides entre Mars et Jupiter. Aucun pays ne laisserait le monopole a un autre de fournir ce service. Auquel cas des societes privees seraient sans doute mieux placees pour remplir les reservoirs de nos futures vehicules.

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  2. Vincent

    On peut objecter contre l’aspect mercantile de ce projet, mais il ne faudrait pas non plus se faire trop d’illusion sur les intentions des nations ayant contribue a l’exploration de notre monde. Pour leur grande majorite, ces expeditions etaient a but colonial et/ou commercial. Question legitimite, par example, quelle etait celle des gouvernements Portugais et Espagnol a se partager les Ameriques au fameux traite de Tordesillas? De plus, bien des expeditions n’auraient pu se faire sans l’apport financier d’investisseurs prives, a commencer par certaines des plus fameuses: les voyages de Christophe Colomb. C’est d’ailleurs dans le soucis de rembourser ses differentes dettes que Colomb tenta de rapporter autant de richesses et d’esclaves que ses bateaux pouvaient en contenir.
    On pourrait noter aussi que Mars One est une organization privee a but non lucratif, tout comme, par example, la tres renommee Royal Geographical Society.

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    • Merci mon cher Vincent ! je suis bien sur d’accord sur la non-légitimité des Etats à explorer et à coloniser. Pour autant, nos Etats « démocratiques » contemporains permettent quand même d’amener certaines réflexions sur le bien-fondée de telles ou telles actions. Mon inquiétude est que des entreprises privées, qui pourraient coloniser et explorer notre univers, n’auraient pas du tout ce genre de questionnements. Chaque action serait dirigée exclusivement par leur intérêt capitalistique. Bon après, nos démocraties ne sont pas non plus la panacée, mais, face a des Etats totalitaires, que peuvent-être des entreprises privées ? Je te conseille la très bonne BD de Bajram « Universal war one », qui traite de ce sujet.

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